Homélie du 12 novembre 2021. Saint Josaphat : Sg 13,1-9 ; Ps 18 ; Lc 17,26-37.
Tout dans notre culture semble indiquer que nous n'avons pas besoin de Dieu pour être heureux. D'ailleurs Dieu est mort ou bien il n'a jamais existé, affirment certains. Le livre de la Sagesse peine à comprendre cet athéisme au moins pratique : l'auteur dit « ils sont insensés (au sens de stupides, sans raisons) les hommes qui ont ignoré Dieu et qui par les biens visibles, n'ont pas été capables de connaître Celui-qui-est, et n'ont pas reconnu l'Artisan en considérant ses œuvres ». Au fond l'analogie ne fonctionne plus : si la beauté de la création ne nous indique pas qu'il existe un créateur, encore plus beau et origine de toute beauté. Un ressort est cassé pour l'homme qui ne se pense plus que comme « tecnicus ». Faisons donc nôtre la question de la Sagesse : « S'ils ont été capables d'acquérir assez de science pour parvenir à explorer le monde, comment n'ont-ils pas découvert plus vite le Maître des choses ». En posant ainsi cette question, le livre de la Sagesse nous encourage plutôt car il nous indique que l'analogie est encore possible. Il suffira peut-être de regarder le réel avec d'autres yeux.
L'évangile pose aussi la question du sens et la gravité de l'existence humaine. L'histoire sainte nous éclaire sur le jour du Fils de l'homme. Le jour de sa venue correspond à la fin des temps. En fait, le texte nous dit que ce soit aux temps de Noé ou de Lot, on peut se noyer dans le souci et dans l'éphémère. Pour ceux et celles qui s'aveuglent ainsi, le jour du Fils de l'homme ne peut apparaître que comme une mauvaise surprise marquée d'un caractère brusque et tranchant : rappelons-nous la femme de Loth. Et puis la fin des temps est bien la fin d'un temps. Ceux qui voudront sauver leur vie la perdront : si certains aspects de cette vie sont superficiels et non essentiels, ils disparaîtront et l'homme avec. Si Jésus reprend ces images de fin du monde, c'est pour inviter ses auditeurs à être prêts, vigilants et à discerner au présent ce qui est essentiel de ce qui ne l'est pas.
Une parole énigmatique termine cet évangile. Comme les disciples, on pourrait se poser la question « où et quand » ? Les disciples veulent savoir : « Où cela Seigneur ? ». « A l'endroit où sera le corps, c'est là aussi que les vautours se rassembleront ». Là où la mort règne, les vautours se rassembleront. Si le corps n'est pas branché sur l'essentiel, la fin des temps attirera les vautours.