Homélie (10 mai 2022). Ac 11,19-26 ; Ps 87, 1-7 ; Jn 10,22-30.
La dispersion des frères est douloureuse mais elle symbolise le mystère pascal : dans la persécution, le Seigneur soutient les brebis de son troupeau et même leur donne la force de témoigner de la Bonne Nouvelle. De communauté juive en communauté juive, le message est transmis : Jésus de Nazareth est bien le Messie. L'annonce passe aussi dans le monde grec : le Seigneur est ressuscité. La joie de Pâques est contagieuse : elle permet au Christianisme de se répandre et de porter un nom : « c'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens ». Ce passage nous montre que tout peut concourir au dessein de Dieu. Il nous montre aussi que l'Eglise se construit de manière organique : des personnes viennent pour discerner, enseigner, authentifier cette croissance. C'est bien le rôle de Barnabé et de Paul. Ils saisissent l'enjeu de cette implantation à Antioche et ils arrivent pour passer du temps avec la communauté naissante. Leur critère, ce sont les œuvres : qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se construit ?
Le creuset de ces discernements, comme au temps de Jésus, est bien la reconnaissance de l'identité de ce dernier. Les juifs sont impatients, ils sont agacés : ils observent mais ne voient pas. Comme aveuglés, ils pressent Jésus de dire qui il est. ET Jésus leur indique le lien intime et personnel qu'il a avec le Père. C'est de ce lien que surgit la vérité des œuvres. Ce sont les œuvres qui provoquent à la foi. C'est bien l'énigme de toute vie : croire en Jésus et le servir comme fils de Dieu et faire avec lui ou comme lui les œuvres du Père. Faire le bien ne suffit pas : c'est déjà excellent. Mais faire le bien que le Père et le Fils demandent que nous fassions, c'est encore mieux. Faire davantage, c'est à la fois les œuvres et la foi.