Veillée de Pâques (2025)
Les évangiles nous ont rapportés combien Jésus avait souffert et comment il a continué à nous aimer jusqu’au bout de cette passion subie et accueillie dans le silence de l’amour. Jésus a vraiment souffert : ce n’était pas du cinéma. Et nous l’avons contemplé et essayé de Le contempler. Sa mort sur la croix et ses dernières paroles résonnent encore dans nos mémoires : « J’ai soif », « Femme, voici ton fils », « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », « tout est accompli ». Tout est accompli, mais tout n’est pas fini. Dans le silence de la mort, Celui qui est le « chemin, la vérité et la vie » trace pour nous le grand chemin de la Vie éternelle. Car Dieu son Père ne l’a pas abandonné. Il l’a submergé d’amour, de force et de lumière. Il l’a ressuscité d’entre les morts. Car la mort n’a pas eu le dernier mot. La victoire de la mort n’est plus qu’une illusion dépassée. Dieu, par amour, a vaincu toute mort. Cet acte d’intimité entre le Père, le Fils et l’Esprit est un acte de puissance unique dans l’histoire humaine. Le tombeau est vide et nous cherchons le sens de ce « vide ».
Au premier jour de la semaine, les femmes qui vont au tombeau, à la pointe de l’aurore, expriment la fidélité d’un cœur aimant, le respect du corps de Jésus mis à mal par la souffrance et la mort. Heureusement la pierre est roulée et elles pensent pouvoir poser les gestes rituels de respect du corps de Jésus. Mais le tombeau est vide. Et elles sont désemparées. Leurs images et leurs représentations de Jésus, de sa souffrance et de sa mort basculent. L’incompréhension est totale : le sens de la vie leur échappe. Tout est ruine, mais de plus tout est absence et hors du réel. Que dire ? Que faire devant un tombeau vide ? On ne peut que penser au pire. Des messagers les aident à trouver un sens : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est le Vivant ? Celui que vous cherchez est vivant. Il est ressuscité ». La grâce leur ouvre un chemin vers la grandeur du mystère.
L’Esprit leur indique qu’une étape nouvelle de l’amour divin est franchie. Sans tout comprendre, elles mesurent qu’elles sont dépassées, que leurs repères doivent changer, qu’un événement radical s’est passé. Les femmes sont enveloppées d’une grâce inconnue, d’une nouveauté imprévue, d’un changement de perspective. Oui le Christ est ressuscité ! Oui le temps et l’espace sont transformées ! Oui les peines et les souffrances changent radicalement de signification ! Oui elles délirent car leur intelligence est dépassée ! Oui elles délirent, disent les apôtres, car cette résurrection dépasse tout ce qu’on peut imaginer ou prévoir ! Ce n’est pas rationnel. Ainsi la vie reprend dans leur âme et dans leur corps comme le sang vient dans un membre mort. Il est vivant comme il l’avait promis. Il est le vivant car il est la source de toute vie. En lui nos vies personnelles reposent en confiance. Une joie profonde peut nous envahir lentement mais sûrement car en Lui nous pouvons reposer pour toujours, sur terre comme au ciel. Il est vivant. Et nous participons de cette vie car saint Paul nous l’explique simplement : si nous sommes mis au tombeau avec le Christ, avec Lui nous vivrons. Nous ne sommes pas appelés à la mort, mais à la vie éternelle en Lui, par Lui et avec Lui. Le Seigneur est vraiment ressuscité. Et il nous partage sa grâce : avec Lui nous prenons vie nouvelle. Non seulement nous changeons nos habitudes mais la force de la Résurrection nous change, nous transforme. Nous devenons « autres ». Nous sommes appelés à être des Vivants comme Lui. Alléluia. Goûtons cette joie nouvelle.