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Vite, réponds-moi Seigneur

Le temps sauvé

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Samedi 27 décembre 2025

Le temps sauvé


Le temps appartient au monde sauvé par le Christ

Le temps est un carrefour de nos vies : le plus souvent nous cherchons à avoir plus de temps à nous ou bien nous ne voyons pas le sens de certains moments qui passent trop vite ou trop lentement. Devons-nous le considérer comme un ennemi de notre vie, de ce que nous sommes, de ce que nous faisons ou bien le contraire ? Comment se situer par rapport à lui dans la vie concrète et dans les décisions que nous prenons et qui seront toujours exécutées dans le temps de notre vie ? En fait, le temps est un ami, un allié de l’être humain et de l’annonce de la Parole ou bien, — cela dépend de nous — il est alors l’ennemi par excellence. Selon la manière dont nous acceptons le temps que Dieu nous donne, nous serons probablement dans une paix profonde ou dans un stress permanent. Si Dieu a voulu entrer dans notre condition humaine, il nous faut en saisir le bienfait pour nos activités et le sens de notre présence aussi sur la terre. Quel est le poids de nos années et des saisons qui rythment nos vies ? Cette naissance du Christ il y a plus de 2000 ans, n’est-elle pas une lumière pour l’humanité et nos références au passé, au présent et à l’avenir ? Le temps appartient au mystère de Noël.

« Dieu n’a pas peur du temps qui passe » dit le pape Léon XIV[1]. Le temps est une créature nous dit saint Ignace dans le Principe et Fondement des Exercices spirituels (n°22). Le temps est ainsi sauvé en Christ, et en nous-même également. Comment comprendre cette considération et en retirer la meilleure signification pour nous ? Le Logos, le Verbe de Dieu, est venu « parmi les siens » et il a pris chair de notre chair dans le sein de la Vierge Marie. Il s’est ainsi uni à tout homme : il nous connaît tous de l’intérieur. Nous faisons référence, bien sûr, au mystère de l’Incarnation. Jésus a passé du temps sur la terre de Palestine. Et à la fin de sa vie terrestre il est « monté » au ciel sans nous abandonner mais en inaugurant une nouvelle période humaine et ecclésiale. En montant vers le Père, Jésus est glorifié mais cette glorification enrichit la Trinité sainte de toute son humanité : ses actions et ses paroles ne meurent pas avec lui. L’Ascension de Jésus est comme un écho enrichi de son Incarnation. Il est désormais en son corps (c’est-à-dire l’espace-temps de son être historique et ressuscité) au sein de la Trinité. Contempler le mystère de Noël, c’est déjà voir le Christ rejoindre le Père. Les Exercices spirituels se terminent par cette contemplation de l’Ascension pour nous signifier que le temps que nous sommes et dans lequel nous sommes est aussi sauvé par Dieu. « Ce temps est transfiguré en Christ. Dieu sauve les hommes : il sauve le temps qu’ils sont et le temps dans lequel ils vivent. Ainsi ce rappel du temps que nous sommes et du temps vécu par le Christ nous garde en contact avec l’éternité de Dieu. Ce rappel gît en nous, dans notre corps, dans nos activités : il nous dit, ne fût-ce que dans le rythme de notre sommeil, que nous sommes en pèlerinage sur la terre, et que l’éternité est déjà commencée »[2].

Le fondement de notre chemin sur la terre réside dans l’intégration en nos vies de ces mystères de l’Incarnation et de l’Ascension : nous dépendons du temps vécu par le Christ sur cette terre. Noël n’est pas une « petite fête » sentimentale : la naissance discrète du Fils est pleine d’enseignements pour nous. Le Verbe de Dieu a voulu vivre le temps qui est le nôtre. « En venant en ce monde, le Fils de Dieu a épousé le temps. Il commença par assumer pleinement la condition de l’enfant. Il prit le temps de grandir « en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2,52). Il traversa les âges successifs de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte »[3]. La prédication elle-même de Jésus durant sa vie publique intègre le mystère du temps : la grâce divine existe toujours dans un « processus », un devenir ce que l’on est. La Parole de Jésus n’est-elle pas une semence qui doit germer, grandir, mûrir dans un terrain favorable ?

La connaissance de Dieu est toujours dans le temps d’une vie, mais elle est gracieuse et Dieu se livre au cœur de ses enfants selon son bon plaisir. Nous ne voyons jamais Dieu face à face en cette vie, mais les traits de son visage se révèlent au fil du temps : ces traits se dessinent selon l’effort de notre recherche de Dieu mais surtout selon la manière dont Dieu s’offre à nous. La soif de Le connaître mesure à la fois sa grandeur qui n’a point de mesure, et notre limite à intégrer tout le mystère de sa présence. Cette image du progrès spirituel est éclairante : elle dit la maturation de notre identification à la personne du Christ lui-même, mais ce type de progrès est mesuré par l’infini du Dieu vivant. Cette ressemblance n’est pas marquée d’abord par nos péchés, mais par la limite de notre personne : par la grandeur infinie de Dieu et par la grâce qui nous est accordée à tous dans l’histoire humaine de Lui ressembler.

A cette lumière toute vie personnelle a un sens éternel : les engagements, les fatigues, les maladies, les joies, les angoisses de mort, l’alternance des jours et des nuits, le cycle des saisons. Dieu est présent à l’histoire humaine : en prendre conscience, c’est vivre le temps qui nous est donné de l’intérieur. Noël, c’est Emmanuel sous nos yeux : Dieu avec nous.

Joyeux Noël et belle année 2026.

Alain MATTHEEUWS sj

[1] LEON XIV, audience générale (17 septembre 2025).

[2] A. Mattheeuws, « Le temps, la vie ordinaire, la vie consacrée, » dans Vies consacrées 87 (2015-4) 293.

[3] E. Leclerc, Pâques en Galilée ou la rencontre du Christ pascal, Paris, Desclée de Brouwer, 2003, p.63.

le temps sauvé

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