Nous sommes en contexte français et il faut saluer la parution d'un texte signé par l'ensemble des évêques de la Conférence épiscopale. Cette prise de position est à situer dans le dialogue que l'Eglise tache de vivre avec la société au lendemain des Etats Généraux et face à un Comité national d'Ethique peu fidèle à ses finalités éthiques fixées en son temps par le président F. Mitterrand.
Le texte se centre sur les débuts de la vie : la dignité personnelle de la procréation. Son langage n'est pas enraciné dans une argumentation catholique mais dans une anthropologie centrée sur la personne. Parler de l'être humain comme personne, c'est réfléchir sur la manière dont il est conçu, mis au monde et éduqué. On peut le faire « en raison ». Toutes les cultures ont été affrontées à ce grand mystère du renouvellement des populations et du statut de l'enfant à naître. La grandeur des peuples se dit dans la manière dont ils accueillent leurs enfants.
L'aspect personnel de la procréation est souligné dans le chap. 1. L'énoncé des thèses défendues est clair, concret, actuel. Comment éviter la commercialisation de l'être humain dès l'origine ? Comment l'enfant dès sa conception, possède-t-il déjà son individualité biologique ? Il n'est pas qu'un objet ou que l'objet d'un désir parental ?
Le chapitre II énonce les principales difficultés éthiques présentes dans les pratiques de l'AMP. Ces évidences scientifiques et éthiques feront peur à ceux qui n'ont jamais ou peu réfléchis aux conséquences de tels actes. L'ignorance est plus grande qu'on ne le croit quand on fait une confiance aveugle à la technique. La prise de conscience de nombreux chrétiens qui ont pratiqué une AMP devrait être « accompagnée » pastoralement.
Le dernier chapitre affronte la question posée actuellement sur l'AMP pour toutes les femmes. A nouveau, l'argumentation est simple, sûre, engagée et offerte à tout homme de bonne volonté. Les enjeux sont clairement mis en évidence : la nécessité d'une référence paternelle pour tout enfant, le risque de la marchandisation, la transformation du statut de la médecine, l'illusion prométhéenne du « projet parental », les énormes ambiguïtés du concept d'égalité. Si la France est bien le pays qui prône la liberté, l'égalité et la fraternité, on le pressent, - sans trop faire d'allusions théologiques -, combien la fraternité devient un concept de plus en plus vide si le plus petit d'entre nos frères – l'enfant récemment conçu – n'est pas accueilli pour ce qu'il est en vérité. Sans dramatiser, le texte met le doigt de manière ferme sur les dérives de l'eugénisme qui menace la plupart de nos sociétés post-modernes et centrées sur elles-mêmes. Une petite synthèse très utile des enjeux et thèses est proposée à la fin du livre. On ne peut que souhaiter que ce livre soit offert et lus par de nombreux évêques et dirigeants de langue française.
Alain Mattheeuws s.J.